samedi 1 août 2009

Retour sur la mobilisation des antifascistes contre la liste antisémite


Jeudi 28 mai : les antisémites annonçaient leur venue sur le marché de Chelles. Pour contrer leur discours et démasquer leur entreprise visant à exploiter la colère sociale des habitants des quartiers populaires, nous sommes allés tracter dans la ville en ciblant les cités et les commerçants jouxtant le marché. Les multiples échanges avec les groupes de jeunes, les habitants, les commerçants et leurs clients croisés ont souvent été riches et fructueux. Nous avons expliqué la nature réelle de cette liste et ses liens organique avec l’extrême droite. Nous avons également profité de ce travail de terrain pour aborder des combats auxquels nous prenons part contre le capitalisme, la précarité, les expulsions des sans papiers ou les violences policières. Certains souhaitaient accueillir Dieudonné comme il se doit alors que d’autres n’ont pas hésité à afficher notre tract sur leur vitrine ou à les laisser en libre service sur leurs comptoirs.
Finalement, faute de moyens humain et logistique suffisant, la liste antisémite a annulé à la dernière minute sa venue à Chelles… La pollution antisémite a été évitée !


Vendredi 29 mai : les supporters de Dieudonné ont pointé leur nez sur le marché de saint Denis. En face les différents réseaux progressistes, antifascistes et de soutiens au peuple palestinien se sont donné rendez vous pour contrer les idées portées par les antisémites. Une vingtaine de militants de Saint Denis ont répondu présents et diffusé un tract rappelant que la liste antisioniste était une liste d’extrême droite servant à diviser et à monter les uns contre les autres.

Dimanche 31 mai : Dieudonné, Alain Soral et les militants de la liste antisioniste sont venus sur le marché Pyrénées du XXème arrondissement. Sous couvert d’un discours « antisystème », les membres de la liste antisioniste véhiculent un discours raciste et antisémite, instrumentalisant les inégalités sociales pour mieux diffuser leurs idéaux haineux et paranoïaques.
En venant sur le marché Pyrénées, Dieudonné et ses sympathisants n’avaient qu’une idée en tête, provoquer un incident pour faire parler d’eux et se positionner en victime.
Informés de leur présence, des habitants du XXème arrondissement et des militants antifascistes décidèrent de se rassembler pour informer la population présente sur le marché de la nature réelle de cette liste « antisioniste ». Rapidement le service d’ordre de la liste, en tout plusieurs dizaines d’individus, épaulés par une quinzaine de hooligans d’extrême droite, attaquèrent les antifascistes (comme le montre les images de France 3, présente sur les lieux). Après s’être défendus un moment contre des individus largement supérieurs en nombre et équipés pour l’affrontement, les antifascistes furent contraints de se replier, face à ce groupe armé et désireux d’en découdre, pour évacuer leurs blessés.
Alors que les antifascistes quittaient les lieux, la police interpella 4 d’entre eux pour les placer en garde à vue avant de finalement les relâcher 48h plus tard sans qu’aucune charge ne soit retenue à leur encontre.
Jeudi 04 juin : Quelques jours après l'agression des militants antifascistes par les nervis de Dieudonné les antisémites qui se cachent derrière la sémantique antisioniste pour éviter des procès et pour récupérer les révoltés descendus dans la rue lors de l'agression de la bande de Gaza souhaitaient parader en toute impunité sur le marché de Montreuil à Croix de Chavaux.
C’était sans compter sur la mobilisation des habitants de Montreuil et des antifascistes. Nous étions plus d’une centaine mobilisés pour accueillir comme il se doit la liste antisioniste. Face à notre détermination, les antisémites n’ont pas approché le marché sur lequel ils annonçaient pourtant leur visite. Après quelques tours dans la ville, la cinquantaine de militants présents dans le « dieudo bus » ont fini par quitter la ville la queue entre les jambes.
Suite à cet affront, les antisémites ont tenu une conférence de presse dans leur QG au théâtre de la Main d’Or. Soral revenant sur l’accueil des montreuillois, n’as pas hésité à sortir un mytho en déclarant que les antifascistes présents face à lui à Paris le 24 janvier lors de la manif de soutien au peuple palestinien, aux marchés de Saint Denis, de Pyrénées (XXe) ou de Montreuil sont en réalité des sionistes de la LDJ et du Betar.
Ce discours on le connait, malheureusement pour son auteur qui voit des sionistes partout, la réalité ne rejoint pas sa vision paranoïaque. Pour preuve jeudi matin, parmi la centaine de présents, nous pouvions retrouver des militants pros palestiniens ne souhaitant pas voir la solidarité avec la Palestine corrompue par des antisémites, des habitants de Montreuil refusant de voir leur ville multiculturelle souillée par la haine et le racisme, des jeunes des quartiers populaires, des antifas, des autonomes, des anticapitalistes, des syndicalistes révolutionnaires… Mais pas la moindre trace de l’extrême droite juive pour qui cette liste antisémite apparait comme un excellent moyen pour justifier son existence et répand re son idéologie raciste… Contrairement à ces antisémites, les ennemis de mes ennemis ne seront jamais nos alliées !!!

Contre le racisme et l’antisémitisme pas de quartiers pour les fascistes !

Ci-dessous nous vous proposons quelques liens vers des communiqués ou des articles revenant sur la dérive de Dieudonné et ses connexions avec l’extrême droite.

Communiqué d’AL suite à l’agression du 31.05 : « Dieudonné et sa clique montrent leur vrai visage »

http://alternativelibertaire.org/spip.php?article2898

« Dieudonné tel qu’il est » : Article de Reflexes revenant sur l’attaque des antisémites sur le marché Pyrénées

http://reflexes.samizdat.net/spip.php?article441

Communiqué du NPA sur les événements du XXe

http://www.npa2009.org/content/communiqu%C3%A9-du-npa-agression-fasciste-%C3%A0-paris

Article de RLF-MLV sur la préparation de la campagne de la liste antisioniste

http://rlf-mlv-antifasciste.blogspot.com/2009/05/blog-post.html

Compte rendu du rassemblement antifasciste à Montreuil

http://cccforum.propagande.org/viewtopic.php?f=2&t=6981

La liste antisioniste ancrée à l’extrême droite !


Alain Soral : sociologue, intellectuel autoproclamé, provocateur de plateaux télés, antiféministe assumé, ancien membre du PCF, il rejoint le FN en 2005. Proche de Marine Le Pen il intègre la direction du parti et fonde Egalité et Réconciliation. En février dernier il quitte le FN. Sa proximité avec les mouvances antisémites dérangeait le parti en quête de respectabilité.

Yahia Gouasmi : Président du Parti Anti Sioniste. Le PAS est une émanation politique du centre Zahra et de la Fédération des Chiites de France, structures qu’il dirige également. Gouasmi voit des juifs partout, ce qui l’amène à déclarer : « à chaque divorce, moi je vous le dis, il y a un sioniste derrière ? »…

Emmanuelle Grilli : se présente comme une militante du Renouveau Français. Cette organisation d’extrême droite se revendique du nationalisme catholique. Implanté dans l’ouest francilien dans la banlieue bourgeoise ces jeunes de bonnes familles ont organisé le 9 mai dernier à Paris un rassemblement de fachos suivi par un concert. A la sortie de ce dernier une centaine de néo nazis se sont déchainés : agressions et provocations racistes envers les passants d’origines étrangères, attaque d’un restaurant kebab, saluts nazis…


Mickael Guerin : Responsable régional du Front National de la Jeunesse Rhône Alpes. Au passage, nous rappelons que la caravane de campagne du FN sillonnant la région d’origine de Mickael Guerin en 2007 avait croisé des habitants d’un quartier et tabassé (fracture à la mâchoire et de multiples contusions) un jeune d’origine maghrébine à Thizy.

Schepens Charles Alban : Ce militant d’extrême droite est un produit du Front National où il occupera de multiples responsabilités en Bourgogne. Actuellement, il préside l’association Fraternité Franco-serbe. Est-il besoin de rappeler que son association milite pour un Kosovo serbe, se bat contre l’autodétermination du peuple Kosovar et finance ses activités en vendant des écharpes dans la tribune du Kop de Boulogne toujours prompts à imiter des cris de singes quand un joueur de couleur touche la balle ou à ratonner à la sortie du stade…

Ginette Hess-Skrandani : Membre fondateur des verts, Ginette Skandrani est exclue du parti pour sa proximité avec les milieux négationnistes en 2005.

Ahmed Moualek : président de la banlieue s’exprime association s’exprimant au nom et à la place des habitants des quartiers, n’hésite pas à s’afficher aux cotés de Jean Marie Le Pen et à l’interviewer pour son site. Il déclare à son sujet : « Je préfère parler avec un raciste intelligent qu'avec un antiraciste idiot. Et Le Pen n'est ni raciste, ni idiot » propos rapporté par le journal d’extrême droite minute.

Antisioniste/Antisémitisme : la confusion des mots !

La liste de Dieudonné, Soral et Gouasmi prétend réconcilier tous les français en les unissant contre le sionisme. Pour eux le sionisme est une force invisible et omnisciente qui dirigerait l’économie, les medias, bref le monde. Cette analyse n’est pas sans rappeler la théorie du protocole des sages de Sion, revue et corrigée pour éviter d’être taxée d’antisémitisme. Cette construction de pensée paranoïaque vise en réalité à détourner la colère sociale sur des boucs émissaire. L’extrême droite a toujours procédé de la sorte. Suivant ces courants, les responsables de la crise sont soit les juifs soit les étrangers.
Les discriminations à l’embauche, au logement, les violences policières, les expulsions des sans papiers, les licenciements, le capitalisme bref notre quotidien importe peu pour cette liste qui prétend parler au nom des quartiers populaires.
En se cachant derrière l’antisionisme, Dieudonné et sa clique essayent de brouiller les pistes. Rappelons que la lutte contre le sionisme est une lutte contre le nationalisme Israélien pour la reconnaissance du droit à l’existence d’un Etat palestinien. Pour eux l’usage du mot sionisme est un moyen de camoufler leur antisémitisme c'est-à-dire un racisme antijuif que nous combattons au même titre que tous les racismes. N’oublions pas que le racisme permet de diviser les classes populaires contre ceux qui nous exploitent...

samedi 6 juin 2009

Dossier les nouveaux antisemites 1/8

Nous diffusons ci-dessous, le dossier que nous avons réalisé en décembre 2008 pour le fanzine antifasciste et libertaire « Barricata » n°18. Au passage nous vous incitons fortement à vous munir du 19e numéro qui vient tout juste de paraitre ! http://contre.propagande.org

L’antisémitisme fait partie intégrante du corpus idéologique de l’extrême droite. Historiquement, il fait figure de mythe fondateur pour cette famille politique. Néanmoins, l’objet de notre article n’est pas de revenir sur l’antisémitisme brandi jadis par l’Action française et repris en l’état ou en partie par des mouvements nationalistes traditionnels, mais de nous pencher sur l’irruption d’un antisémitisme revisité par la rencontre de différents schémas de pensées issu de l’antisionisme radical ou de l’islamisme. Pour ces structures, l’antisémitisme apparaît comme un socle structurant l’identité du groupe. Surfant sur la crise économique, le repli communautaire, l’abandon des quartiers populaires et le déclin des solidarités de classe, ces groupes entendent rencontrer un écho parmi les populations paupérisées en désignant le « Juif » comme le responsable de la situation. La guerre contre le sionisme est présentée comme l’enjeu majeur de la lutte en faveur de l’émancipation. Ici, l’emploi du terme « sionisme » se révèle un cache-sexe sémantique régurgité à l’envi désignant les Juifs en général. Sous couvert d’un pseudo-discours antisystème, les nouveaux antisémites se présentent comme des « rebelles » et entendent occuper le terrain dans les quartiers comme sur la Toile. PANORAMA.

dossier 2/8: Égalité et Réconciliation.


Difficile d’évoquer E&R sans prendre en considération le curriculum vitae de son fondateur : Alain Soral. Né en 1958, cet essayiste, sociologue autoproclamé, provocateur des plateaux télés, ancien membre du Parti communiste, a été remarqué dès 1993 pour ses prises de position rouge-brun1. Malgré son sexisme et son homophobie affichés, sa posture antisystème a un temps fait illusion. Il est l’un des premiers soutiens de Dieudonné après le sketch du rabbin, et forme politiquement le comique. Ils participent ensemble à la liste EuroPalestine en 2004. Les responsables de la liste seront d’ailleurs contraints de prendre leurs distances avec eux. En cause, les propos antisémites tenus par Soral, pour lesquels il sera condamné2. Il participe au voyage de Dieudonné au Liban. Il décrira l’union des différentes forces libanaises face à Israël : Maronites, PSNS3 et Hezbollah4. Cette découverte l’a inspiré au point de vouloir fédérer rouges-bruns, extrême droite et communautaristes contre le système, le mondialisme ou le « sionisme » ! Soral s’est habilement rapproché de Marine Le Pen. Il est devenu en 2005 une éminence grise du FN. Son parcours s’inscrit dans le climat de luttes intestines qui règne au sein du parti à la veille de la succession programmée de Jean-Marie : Marine coupe les têtes des principales tendances. Le FN cesse d’être un conglomérat de tendances opposées réunies le temps d’élections pour se scinder en deux, selon J-Y Camus, avec « une [tendance], qui reste fidèle au nationalisme de l’État-nation et peut évoluer vers une conception multiethnique de celui-ci (c’est l’orientation de Marine Le Pen); et l’autre, qui se réclame d’un nationalisme européen, fondé sur l’Europe des régions et des ethnies, totalement anti-intégrationniste et islamophobe5 ». E&R est fondé par Soral en juin 2007, il s’adjoint les services de deux anciens du Liban : Georges et Chatillon, et de deux ex-gudards, Penninque et Mahé. L’association se veut à la fois une pépinière au service du FN et un mouvement développant une doctrine nouvelle et autonome qui réorienterait le discours vieillot de l’extrême droite vers l’électorat actuel. Le mouvement drague à gauche : Soral a confirmé qu’E&R est « un peu6 » l’héritier du Cercle Proudhon7 et ouvre résolument ses portes à tous les communautarismes prônant « un nationalisme français, assimilationniste mais non métisseur ».
Les deux universités du mouvement ont compté parmi leurs invités des figures aussi diverses que Le Pen, Dieudonné, Christian Bouchet (animateur du site vox-NR), Serge Ayoub8 (« Batskin »), Jacques Cheminade, représentant Lyndon Larouche, politicien rouge-brun nord-américain, Franck Timmermans, dirigeant du Parti populiste fondé par d’anciens militants du FN mais aussi « un chrétien libanais partisan du général Aoun, [...] de jeunes beurs radicalisés, [...] quelques islamistes dont un salafiste [...] partisan du FN au nom du séparatisme communautaire9 ». Le discours « anti » se construit en creux : la posture victimaire nécessite un adversaire unique. Le mouvement professe ainsi que les politiques français sont contrôlés par les USA et derrière eux, par Israël10. Le socle théorique qu’il propose offre à l’évidence une forme de nouvelle voie qui agrège en un corpus confus certains éléments idéologiques issus de l’extrême droite traditionnelle et privilégie cependant des pratiques neuves, notamment en termes d’alliances. Plus profondément, ce sont les bases du nationalisme tel qu’il a été pensé et porté en France depuis plus d’un siècle qu’il réinterroge. Il recherche l’« union sacrée de la gauche du travail et de la droite des valeurs » et lui oppose le manque de moralité des libertaires, alliés au capitalisme mondialisé. Il valorise la nation, seule capable de « protéger le peuple de la violence du libéralisme mondialisé et de la tentative hégémonique de ce mondialisme comme mouvement politique11 ». Soral considère les Français « d’origine étrangère » au même titre que les Français « de souche », comme des victimes du pouvoir financier qui les a importés comme main-d’œuvre à bas prix pour casser les acquis sociaux des Français. La notion de république, systématiquement accolée à celle de nation, lui permet aussi d’élargir la notion de peuple français traditionnel à l’ensemble des détenteurs d’une carte d’identité en y incorporant les enfants de l’immigration. C’est principalement en ceci qu’il rompt avec l’un des piliers idéologiques de l’extrême droite : le droit du sang. Conscient du potentiel électoral offert par les Français issus de l’immigration, il souhaite les assimiler à la République, tout en refusant le métissage (« la destruction de toutes les différences12 »). Son projet est une « république des communautés ». Les victimes de ses ennemis sont ses alliés, or « il y a des lobbies qui poussent [...] à la ratonnade. Le bouc émissaire a changé, aujourd’hui, c’est le Maghrébin13 ». Il s’oppose d’ailleurs à la stratégie d’une partie de l’extrême droite qui tend à agiter la menace islamiste. Afin de cimenter cette alliance, il cherche à définir un ennemi commun protéiforme et impalpable, à la fois trotskyste mondialisé, « sioniste », impérialiste, atlantiste, etc. Ce champ lexical, ainsi que la référence permanente au sionisme laisse penser que cet ennemi n’est pour E&R pas si flou que Soral le laisse entendre… Mais peut-être se souvient-il de sa condamnation en 2007, et son courage politique, plastronné sur tous les plateaux de télé, a ses limites.

notes
1 Corédacteur avec Marc Cohen et Jean-Paul Cruse de l’appel « Vers un front national » paru dans L’Idiot international.
2 « On cherche à obtenir de la part des gens qui sont dans les médias un soutien inconditionnel à Israël [...]. En gros, c’est à peu près ça leur histoire, tu vois. Ça fait quand même 2 500 ans, où chaque fois qu’ils mettent les pieds quelque part, au bout de cinquante ans, ils se font dérouiller. »
3 Parti syrien national-socialiste, d’inspiration nazie.
4 Soral, entretien à radio Courtoisie, le 19 septembre 2006.
5 CAMUS (J-Y), cité in D. SEVERNAY, Ce n’est plus Jean-Marie Le Pen qui dirige le Front national, Rue89, 17 novembre 2008.
6 « Ce soir ou jamais », France 3, 12 novembre 2007.
7 Cercle de réflexion qui réunissait, au début du XXe siècle, maurrassiens et syndicalistes révolutionnaires sur fond d’antisémitisme.
8 S’est désolidarisé l’année suivante en faisant main base sur le local/bar d’E&R. Il pensait que « tout axer » sur l’idée que « le nationalisme serait ressourcé par l’immigration » était une erreur.
9 CAMUS (J-Y), Actualité juive, 3 octobre 2007.
10 Rivarol, extrait : « Sarkozy [...] est un pur agent néoconservateur, le candidat des républicains en partie financé par de puissants lobbies américains. N’est-il pas allé à New York rencontrer les dirigeants de l’AIPAC (American-Israël Political Action Committee ? [...] Son premier voyage officiel après cette prise de pouvoir [au sein de l’UMP, ndlr] fut aussi pour l’État d’Israël. »
11 « Ce soir ou jamais », France 3, 1er novembre 2007.
12 Alain Soral, conférence à Fréjus, 23 septembre 2008.
13 Ibid.

Dossier 3/8: Dieudonné : chute libre dans l’antisémitisme !



Depuis l’histoire du fameux sketch, Dieudonné enchaine les dérapages frôlant l’antisémitisme et les rapprochements avec l’extrême droite. De déclarations en fréquentations douteuses, « l’humoriste » a progressivement franchi la ligne jaune. En 2004, il participe à la campagne EuroPalestine avant d’être exclu par le collectif qui lui reproche sa promiscuité avec Alain Soral et Ginette Skandrani. Dès lors, rien ne pourra arrêter sa fuite en avant et l’escalade vers l’antisémitisme. Après avoir parrainé le site les Ogres, Dieudonné s’affiche aux côtés de Jean-Marie Le Pen à la fête des BBR de 2006. Il poursuit sur sa lancée en participant à un voyage au Liban avec Soral et sa clique. Il n’hésite pas, en grand mécène, à mettre son théâtre de la Main-d’or à disposition de Kemi Seba ou d’Égalité et Réconciliation. Malgré de multiples sketches contre les religions, il organise le baptême et le parrainage de sa fille par Jean-Marie Le Pen à l’église traditionaliste de Saint-Éloi. Le 26 décembre 2008, à l’occasion d’une représentation au Zénith, il sombre définitivement. Devant 5000 personnes, il invite le négationniste Robert Faurisson à monter sur scène. Au cours d’une mise en scène macabre, un technicien habillé en déporté juif portant une étoile de David sur la poitrine remet à Faurisson « le prix de l’infréquentabilité et de l’insolence ». Désormais, Dieudonné aura du mal à faire pire...

dossier 4/8 : « La banlieue s’exprime » : farces et attrapes sémantiques

« Je préfère parler avec un raciste intelligent qu’avec un antiraciste idiot. Et Le Pen n’est ni raciste, ni idiot1. » Qui peut bien avoir prononcé de telles inepties ? Un cadre du Front national dans la bataille interne qui fait rage ? Pas du tout ! Ces propos tenus en 2006 dans l’hebdomadaire d’extrême droite Minute sont ceux de Moualek Ahmed, actuel président de l’association La banlieue s’exprime (LBS). Âgé de 37 ans, Moualek Ahmed a été en 2007 candidat d’un parti obscur dont le président, Jean-Marc Governatori, est un ardent défenseur des petits porteurs et patron de nombreuses PME. Vitrine d’une soi-disant parole de banlieue, LBS n’a d’existence réelle que son site Internet – dont les « articles » publiés à fréquence régulière, prennent tout pour sujet sauf la banlieue. L’association a d’ailleurs une conception toute particulière de celle-ci, la réduisant à une question « d’appartenance ethnique », au lieu d’interroger sa problématique sociale. LBS fait partie des dizaines de satellites de la nébuleuse Dieudonné. Son parrainage par l’« humoriste » est officialisé dans une vidéo publiée sur le site les Ogres. C’est encore le président de LBS, qui accompagne Dieudonné, Soral, Meyssan, et Chatillon au Liban. Le monde est petit : le théâtre de la Main-d’or, appartenant à Dieudonné est le point de rencontres de plusieurs groupes dont l’obsession est officiellement le « sionisme »; il vient d’ailleurs d’être adopté comme point de ralliement officiel d’E&R. Les « articles » paranoïaques publiés sur le site LBS frôlent le dérapage permanent. Moualek Ahmed en a même profité pour débattre avec Kemi Seba, qui entretient une approche différente du modèle d’intégration (cf. lexique). Cependant, loin de la question palestinienne, le salut, pour lui, viendra le jour où le Crif cessera d’être2. Ce discours, qui jongle aisément entre antisionisme et antisémitisme n’est certes pas nouveau à l’extrême droite, mais tout comme le changement de discours du FN en 2007, qui offre une subvention financière en pleine crise à Dieudo, LBS s’adresse à une frange particulière de la population, sur une question essentiellement identitaire. LBS prône le mélange des contraires, entretient de vifs paradoxes, amalgamant communautarisme et principes républicains (notamment en organisant des campagnes d’inscriptions sur les listes électorales chapotées par des « référents » des quartiers3) et tente de tirer profit d’une crise identitaire résurgente afin d’y apporter sa solution : qu’importe la construction politique et cohérente d’une vraie structure, LBS tente de nous faire croire que le monde est séparé en deux : d’un côté, les Noirs et Arabes qui sont tous musulmans, et de l’autre côté le Crif et consorts.

notes
1 Minute, 13 décembre 2006.
2 Conseil représentatif des institutions juives de France.
3 Le Parisien, lundi 6 février 2006.

dossier 5/8 : Lexique.

Kémitisme : le kémitisme est une résurgence de la religion de l’Égypte ancienne. Il faut distinguer deux types de kémistime, le premier, néopaïen, et le deuxième, panafricain, dont se réclamait la Tribu Ka, affirme que la pensée kémite est à la source des plus grandes religions monothéistes d’aujourd’hui.

Afrocentrisme : l’afrocentrisme est une mythologie raciste et réactionnaire. Cette notion suggère que rien d’important ne s’est produit dans l’histoire des peuples noirs depuis le temps des pharaons, rendant ainsi futile l’histoire des Noirs américains. L’afrocentrisme insiste sur l’Égypte, ce qui est, pour le dire crûment, complètement absurde. (Clarence E. Walker).

Suprématisme : doctrine fondée sur la supériorité de personnes suivant leur couleur de peau. Prône une séparation entre les « races ». Les plus connus parmi ceux qui se revendiquent suprématistes sont le KKK aux USA ou la Génération Kemi Seba, à ses débuts.

Assimilationnisme : cette approche a pour but de gommer tout particularisme culturel et religieux, et de faire en sorte que les minorités adoptent la culture du pays, y compris en l’imposant. Une sorte de contrat social et civique passé, qui supplanterait les origines, appartenances et laisserait de côté la question « identitaire ».

Ethnodifférentialisme : Antithèse de l’universalisme abstrait, cette théorie prône la reconnaissance d’un héritage culturel propre à chaque « peuple » qui se doit d’être reconnu et préservé. À la différence du suprématisme, aucune hiérarchie dans les ethnies n’est développée, mais « l’identité » est tellement forte que les brassages culturels et religieux sont rejetés.

dossier 6/8 : Le Mouvement des Damnés de l’Impérialisme (MDI)

Petit retour en arrière. Mai 2006, une trentaine de militants de la Tribu Ka débarquent rue des rosiers, quartier juif parisien, et déclarent ouvertement la guerre aux groupuscules d’extrême droite sioniste. Déferlement médiatique, la machine s’emballe, la Tribu Ka a réussi son coup et parvient à faire parler d’elle. Jusqu’ici, la Tribu Ka cantonnait son activité à la tenue de réunions informelles interdites aux « leucodermes » (Blancs), aux Juifs et aux Arabes, et ne rassemblait pas grand monde hormis une trentaine de mecs probablement recrutés pour leurs gabarits plutôt que pour leurs capacités intellectuelles. Objet politico-mystique non identifié, la Tribu Ka, par l’intermédiaire de son leader autoproclamé, le Fara (guide) Kemi Seba, se réclame du kémitisme et de l’afrocentrisme. Cocktail idéologique hasardeux. Ils revendiquent l’héritage spirituel de Malcolm X, des Black Panthers et de Marcus Garvey revus et corrigés à la sauce suprématiste noire. La Tribu Ka connaît une disparition précoce, rapidement inquiétée par la justice qui ordonne sa dissolution pour incitation à la violence et à la haine raciale. La Génération Kemi Seba prend le relais et amorce sa mutation. GKS se définit principalement comme une organisation « antisioniste », c’est pourquoi une petite frange de l’extrême droite française (notamment le Renouveau français1) lui fait des œillades. Composée principalement de militants noirs, elle annonce son intention de présenter une liste aux élections municipales de Sarcelles. Objectif avorté, la GKS ne parvient pas à dépasser le stade groupusculaire. En avril 2008, le groupe est condamné pour reconstitution de ligue dissoute. Les déboires judiciaires n’entravent pas l’acharnement de Kemi Seba qui voit ici l’occasion de tirer avantage de ce nouveau revers, de repenser totalement l’organisation et son discours public. Il impulse conséquemment le MDI avec la volonté de structurer le mouvement et de le doter d’une orientation « rationalisée ». Stellio Capo Chichi – alias Kemi Seba – n’en est d’ailleurs pas à son premier virage théorique. Après un passage par la Nation de l’Islam puis un dérapage dans le kémitisme (il déclare alors que l’Islam est une secte lors d’un meeting à Rosny-sous-Bois, en 2005), sa trajectoire opportuniste le pousse finalement à se convertir en juillet 2008. Le MDI est une organisation revendiquant l’ethnodifférentialisme, ouverte à tous ceux qui cherchent à se regrouper pour lutter contre le « sionisme », quelles que soient leurs origines. Le mouvement se structure autour d’un bureau composé d’une demi-douzaine de membres ayant chacun en charge un secteur d’intervention. Parmi ces derniers, nous retrouvons Boris le Lay, au poste de chargé des relations extérieures, girouette animatrice du blog « le réveil des indigènes » qui est passé sans transition de la défense des intérêts d’Israël en qualité de président de Breizh Israël à la haine du sionisme2. Afin de se parer d’une envergure nationale de façade, le mouvement désigne une petite dizaine de responsables d’antennes régionales et locales. L’implantation dans les quartiers semble être la priorité du mouvement. En septembre 2008, Banlieues anti-système (BAS) fusionne avec le MDI. Soumayya Sekhmet Fal est nommée à la tête du secteur banlieue et responsable des Jeunesses Kemi Seba dont l’objectif est de recruter et d’intégrer les jeunes des quartiers. Seyf Awa, quant à elle, rejoint la direction de la branche panarabe qu’elle coanime avec Siddiq Seth, « spécialiste » de la question palestinienne. Pour compléter le tableau, le MDI a également mis en orbite une branche panafricaine chargée d’animer le mouvement sur les problématiques identitaires noires. Au regard de la structuration du mouvement, l’objectif de conquérir les quartiers est indéniable. Pour l’instant, quelques cellules faméliques revendiquent leur existence dans un nombre très limité de communes. Cependant la capacité de mobilisation du MDI a été multipliée par cinq en deux ans. La stratégie employée est simple : agiter la théorie du complot, déverser sur la Toile des vidéos expliquant que le « sionisme » est à l’origine de tous les maux : crise financière, écrasement du peuple palestinien, humiliation des Arabes, néocolonialisme au Maghreb débouchant sur la déstabilisation de l’économie, le chômage des jeunes et l’émigration ; que les Juifs ont été les initiateurs de l’esclavage des Noirs… En parallèle, le MDI organise des meetings dans les quartiers, des prises de parole sauvages à Châtelet et des rassemblements lors de ses multiples comparutions judiciaires. Indéniablement, le discours du MDI s’est radicalisé alors que Siddiq Seth explique que « c’est parce que nous avons le même ennemi que nous allons nous unir et marcher ensemble quitte à faire couler notre sang jusqu’à la mort et éradiquer le sionisme dans nos pays respectifs3 ». Soumayya Sekhmet Fal estime que la « Jeunesse Kemi Seba, n’ayons pas peur des mots, c’est la jeunesse […] qui veut prendre les armes pour abattre radicalement le système, qui veut prendre les armes pour éradiquer une bonne fois pour toutes le sionisme4 ». Le tribun Seba, quant à lui, ne s’embarrasse pas de circonvolutions oratoires en affirmant : « Le sionisme est le sida de l’humanité5. »
En terme d’alliances politiques et religieuses, le MDI ignore les contradictions pourvu que le préalable à toute entente réside dans la haine profonde et commune du « sionisme ». En mai 2008, le mouvement co-organise un rassemblement à Paris avec la Droite Socialiste contre la politique militaire française en Afrique. En août, Kemi Seba se déplace au centre Zahra. Au cours de son entretien avec Seyyed Yahia Gouasmi, président du centre et de la fédération des chiites de France, structure proche des Iraniens, le leader du MDI fera l’éloge du Hezbollah avant de faire part de son « profond sentiment de respect » pour le président iranien6. En septembre, « les ethnodifférencialistes » poursuivent sur cette voie et appellent à la mobilisation pour « la journée mondiale de Jérusalem ». Véritable conglomérat « d’antisionistes » plus que douteux, la manifestation interdite par la préfecture devait réunir indistinctement le MDI, la fédération des chiites de France, le Centre Zahra, le Parti des musulmans de France de Latreche7, la Plume et l’Olivier de Ginette Skandrani8 et la Droite Socialiste…

Banlieue Anti-Système
BAS naît en 2008 de la volonté de deux jeunes femmes, Soumayya Sekhmet Fal et Seyf Awa de rassembler les jeunes des quartiers sous les bannières de « l’antisionisme » et de l’anti-impérialisme. L’association publie un manifeste censé dresser un constat sur l’état des banlieues et l’histoire de l’immigration en rupture avec le discours de victimisation. Elle tente de fédérer autour d’elle par le biais d’outils de médiation nouveaux, notamment en instrumentalisant le rap. La courte histoire du BAS se résume à une prise de micro forcée à l’antenne de Génération 88.2 pour dénoncer la dérive mercantile du hip-hop qui constitue son principal fait d’armes, à la tenue d’une conférence à Evry, d’un débat sur « l’essence du rap » dans le XVIIIe arrondissement et d’une interview accordée à Égalité et Réconciliation. Cette interview officialise le rapprochement opéré entre BAS et une fraction de l’extrême droite. L’organisation met d’ailleurs carte sur table lorsqu’elle affirme que « malgré les désaccords idéologiques, [ils se retrouvent] sur leur volonté intrépide de rompre avec ce système inique qui est incarné par l’hydre atlanto-sioniste…». La lutte contre « le sionisme » apparaît dès lors comme le fil conducteur de l’association définissant ses alliances et son discours. Les effectifs de BAS se bornent finalement à deux oratrices et une poignée de militants agrémentés d’une poignée de rappeurs inconnus. La principale force de BAS réside dans la détermination de ses deux porte-parole. En septembre 2008, BAS est logiquement absorbée par le MDI. Cette OPA amicale est motivée par l’objectif de concentrer les forces au sein de « l’unique cellule de lutte et de résistance directe à l’empire sioniste en France »9.

notes
1 Alain Ka ou Tribu Soral, Reflexes, 4 décembre 2006.
2 De l’oxymore en politique, Reflexes, 10 juin 2008.
3 Vidéo MDI, branche panarabe, du 21 octobre 2008.
4 Le Monde, 23 septembre 2008, L’alliance des extrémistes noirs et blancs.
5 Vidéo du 24 octobre 2008, conférence de presse au théâtre de la Main-d’or suite à l’annulation de la Journée mondiale de Jérusalem en présence de Kemi Seba, Seyyed Yahia Gouasmi et Dieudonné.
6 Vidéo du MDI avec le Hezbollah contre le sionisme.
7 Latreche arrive à faire parler de lui en 2003 en organisant avec quelques nationalistes révolutionnaires européens une opération « bouclier humain » en Irak. Le leader du PMF publiera avec Skandrani Le Manifeste judéo-nazi d’Ariel Sharon qui « regorge de fantasmes antisémites » d’après l’observatoire du communautarisme.
8 Membre fondatrice des Verts, Ginette Skandrani est exclue du parti pour sa proximité avec les milieux négationnistes en 2005. En 2007, elle était membre du bureau de campagne de Dieudonné pour la présidentielle.
9 Site de BAS.

dossier 7/8 : Le Parti Solidaire Francais (ex droite Socialiste)

C’est en mai 2008 que la Droite Socialiste apparaît au grand jour lors du traditionnel défilé du 1er mai. Leur existence en tant que mouvement organisé prend initialement consistance dans des modes d’apparition troubles aux partenariats déroutants : une présence remarquée au Congrès nationaliste du Renouveau français ou un appel à manifester contre la présence de l’armée israélienne lors du défilé du 14 juillet qui sera finalement interdit par la préfecture. La Droite Socialiste frappe les esprits le 8 mai dernier, en coorganisant avec les troupes de Kemi Seba un rassemblement pour le retrait des militaires français d’Afrique et d’Afghanistan. Plus que le message confus, c’est l’image donnée par le groupe qui interpelle, avec un look paramilitaire élaboré, qui dote la DS d’un apparat nostalgique plus que douteux. Boris le Lay, par ailleurs membre du MDI, semble être la cheville ouvrière du rapprochement opéré avec le MDI. La proximité idéologique sur la question « antisioniste » ne pouvait que faciliter la chose. Depuis les deux structures ne se quittent plus. La tête pensante de la DS est Thomas Werlet, porte-parole et rédacteur d’articles sur le blog de l’organisation. Ce blog est la principale source d’information sur l’idéologie du groupe : radicalement « antisioniste », la DS semble obsédée par la thèse du complot juif. Elle a depuis peu amorcé un rapprochement avec la Gauche Nationale. Forum et communiqués communs témoignent de cette proximité structurelle et idéologique. On peut considérer que la DS développe une identité politique qui se rapproche du national-socialisme. À l’instar d’une frange de l’extrême droite radicale actuelle, elle teinte ses discours d’un pseudo-altermondialisme, se revendique d’une lutte contre le capital aux relents « d’antisionisme ». Son logo n’est pas sans rappeler celui de la Légion des volontaires français (LVF). Dans les faits, la DS n’est composée que d’une trentaine de militants « paumés » fantasmant sur American History X : le groupe rassemble quelques jeunes naziskins (dont certains ont fait les frais d’une mauvaise rencontre avec des antifas à l’été 2007). Parmi ses membres figurent également des individus qui tombèrent autrefois sous le coup d’une « fatwa » de Kemi Seba ! Celui-ci les menaçait explicitement dans une vidéo consécutive à l’agression dans le métro d’enfants noirs. Nomad 88, la branche dure du groupe chargée du SO, ouvertement bonehead, est devenue célèbre fin mai 2008 en faisant la une de la presse à faits divers. Des membres de la branche ont été interpellés après avoir ouvert le feu sur un groupe de jeunes dans une cité d’Évry, ainsi que pour la détention d’armes de guerre, alarmant flics et médias sur cette nouvelle génération néonazie… Dernièrement, la DS a décidé de changer de nom et de s’appeler Parti solidaire français (PSF), clin d’œil évident au PSF des années trente, celui du colonel de La Rocque.

dossier les nouveaux antisémites : conclusion 8/8

L’irruption de groupes d’extrême droite ravivant les vieilles lunes de l’antisémitisme comme socle structurant leurs discours et actions est un phénomène à prendre en compte dans nos pratiques militantes. Comme nous l’avons vu, ces groupes parviennent à dépasser leurs contradictions, à travailler ensemble de manière régulière ou occasionnelle. En se positionnant comme les seuls rebelles face au « système », ces mouvements renouent avec un discours teinté d’anticapitalisme et d’antisionisme qui cultive une ambiguïté malsaine. En désignant les « Juifs » comme responsables de la crise, ces associations entendent souffler sur les braises encore vivaces d’un antisémitisme historique qui ne demande qu’à reprendre corps dans la société française et sur fond de conflit israélo-palestinien parmi les populations issues de l’immigration. Le délitement des solidarités de classe remplacées dans certains quartiers par un repli communautaire ou individualiste dans un contexte de destruction des droits sociaux est un terreau propice au développement de telles idéologies. Pour contrer ces groupes, la diffusion d’information antifasciste articulée avec une intervention militante de terrain dans les quartiers, sur des bases de luttes des classes, semble incontournable. La création ou le renforcement de collectifs de luttes pour la régularisation de tous les sans-papiers, contre la précarité, pour l’accès à un logement décent, contre les discriminations ou les violences policières sont autant de moyens de créer du lien social, des solidarités entre exploités toutes origines confondues et de mettre à mal les replis communautaires et identitaires de type réactionnaire

Communiqué manifestation antifasciste 9 mai 2009

Communiqué du SCALP-REFLEX Paris, de la CNT, Alternative Libertaire, Fédération Anarchiste, NPA, RLF-MLV, MQJS, sud etudiant.

Manifestation des antifascistes radicaux à Paris

Ce 9 mai 2009, près de 500 antifascistes radicaux ont défilé à Paris en hommage à la Résistance. De la place Rol-Tanguy jusqu’à Montparnasse, en passant par le boulevard Arago, le cortège compact et dynamique s’est arrêté à plusieurs reprises pour écouter des interventions rappelant l’histoire de la Résistance et la collaboration des autorités françaises avec l’occupant nazi. Nous voulions également par cette manifestation occuper la rue là où l’extrême droite radicale française avait pris l’habitude de défiler ces dernières années en toute impunité. Et pour la première fois, les fachos, découragés par notre mobilisation et victimes du vide politique qui sévit dans leurs rangs, ont dû se contenter d’une messe dans une église catholique intégriste au lieu de leur traditionnel défilé du 9 mai.

Notre manifestation était la conclusion d’un week-end d’actions en résistance à l’extrême droite et aux politiques d’État de droite ou de « gauche » qui mettent en pratique nombre de leurs idées. Le 8 mai au soir, le concert organisé par United Underground, qui a rassemblé plus de 700 personnes, a permis de collecter des fonds importants en soutien aux détenus sans-papiers de Vincennes. Quant au débat du 9 mai, qui a précédé notre manifestation, il a été l’occasion, pour un large public rassemblant tous les âges, de rencontrer des figures du combat antifasciste (combattant FTP, résistant antifranquiste).

À l’heure où toute forme de résistance sociale est criminalisée, nous voulions rendre hommage à ceux qui ont lutté avant nous pour renverser ce système qui a été le terreau du fascisme : notre initiative a été couronnée de succès. Nous n’en resterons pas là !

Paris 9 mai 2009

vidéo de la manif :http://www.youtube.com/watch?v=tFU8SB7FmwY


samedi 2 mai 2009

Elections européennes: le nouveau « sketch » de Dieudonné ! ( Les listes antisionistes de Dieudonné, Soral et Gouasmi)



Non content de revêtir les frusques du nouvel épouvantail médiatique à la mode à grand renfort de dérapages antisémites et de copinages revendiqués avec une fraction de l’extrême droite, Dieudonné entend aujourd’hui parader dans l’arène politique. Tenant la posture inusable du paria rejeté par le système, Dieudonné a annoncé vouloir présenter sa candidature "antisioniste" et "anticommunautariste" aux élections européennes en Ile-de-France à l’occasion d’une conférence de presse tenue le 21 mars depuis son théâtre de Main d’Or à Paris -qui au passage s’apparente désormais plus à un point de ralliement politique qu’a un lieu dédié à la création artistique.
Il souhaite fédérer l’ensemble des forces luttant contre le « sionisme », et a ainsi appelé tous les « infréquentables » (1) à le rejoindre. Espérant réaliser un casting de premier choix. Dieudonné a effectué des appels du pied dans toutes les directions sans cohérence politique apparente. Il a ainsi tenté de démarcher pèle mêle : Jamel Bouras, Ahmed Moualek (2), Ginette Skandrani (3), Kemi Seba, Thierry Meyssan, ou Jean Marie Bigard… En avant première, nous vous dévoilons les dessous du prochain sketch de Dieudonné.

Les dessous du casting
Alain Soral et sa troupe Egalité et Réconciliation ont immédiatement saisi la perche tendue par Dieudonné et accepté son invitation (4). Pour Soral, cette opportunité quasi inespérée se présente comme un moyen de survie politique et médiatique depuis son « divorce » avec Marine Le Pen et son départ du FN par la petite porte.
En rejoignant les rangs du « comique antisioniste » la clique soralienne espère asseoir son ascendant idéologique sur la petite sphère des nouveaux soldats de l’antisionisme flirtant avec l’antisémitisme et orienter les thématiques de campagne sur le principe de la défense de « la droite des valeurs et la gauche du travail ». Soral déclare ainsi vouloir se battre contre le communautarisme et le sionisme. Cependant à ses yeux « ces deux axes de campagnes ne sauraient constituer, à eux seuls, un programme électoral pour un scrutin européen »(5). Il propose de facto de renforcer les thématiques abordées par la « défense d’un protectionnisme raisonné »(6), la dénonciation du « totalitarisme marchand mondialiste »(7), « la défense des travailleurs français »(8), « l’affirmation donc de l’indépendance de la France »(9), ou « la défense de la liberté d'expression la plus absolue »(10)...
Dieudonné acceptera t’il de se faire réécrire « son spectacle » quasi intégralement ou au contraire Soral devra t-il revoir ses ambitions idéologiques à la baisse ? A la lecture des propos tenus par le leader d’E&R le 24.04, la deuxième solution semble plus probable : « Les élections européennes ne servent pas à grand chose. Elles offrent une tribune pour pouvoir faire de la politique sérieusement. On pourrait s'amuser à produire un programme politique. Mais au fond est-ce bien sérieux de faire semblant de croire que nous proposons un modèle alternatif de gestion qui pourrait passer par les députés ?" (11)
A défaut de produire l’intégralité du discours de campagne, E&R trouve un bon moyen de maintenir son chef de file sous le feu des projecteurs…Dieudonné en contre partie pourra s’appuyer sur les réseaux d’E&R.

La seconde structure qui pourrait servir de cheville ouvrière pour mener la campagne d’un point de vue organisationnel est le Parti Anti Sioniste (PAS). Ce mouvement créé en janvier 2009 a décidé par l’intermédiaire de son président Yahia Gouasmi de rallier l’appel de Dieudonné.
Président de l’association Zahra France et de la Fédération des Chiites de France, Yahia Gouasmi se distingue à l’été 2008 en recevant en grandes pompes Kemi Seba et des représentants du MDI dans les salons de la propriété de son mouvement située en banlieue de Dunkerque. Le leader du MDI profite de cette occasion pour vanter les mérites du président iranien et du Hezbollah. (12)
Fin septembre 2008, le centre Zahra impulsait au coté du MDI, de la plume et l’Olivier de Ginette Skandrani, et avec le soutien de la droite socialiste de Thomas Werlet « la journée mondiale de Jérusalem ». L’initiative interdite par la préfecture de Paris, les organisateurs du rassemblement se sont alors repliés dans le théâtre de la Main d’Or afin d’y tenir une conférence de presse unitaire ; Yahia Gouasmi après avoir déclaré que « Paris est occupé par les sionistes »(13) à évoqué « l’idée d’un parti politique de la France juste »(14) destiné à « faire disparaitre cette maladie qui est le sionisme »(15).
Au début de l’année 2009, le mouvement appelait à défiler dans les rues en solidarité avec les gazaouis. Reconnaissable à leur banderole « front uni contre le sionisme » et les multiples drapeaux du Hezbollah déployés dans leur cortège, les mouvements dirigés par Yahia Gouasmi, sont arrivés à profiter de la confusion et/ou de la complaisance de certains pour défiler en toute impunité. Le 14 janvier, le centre Zahra ouvrait sa sono à une délégation du MDI afin d’offrir la parole à Kemi Seba. Deux semaines plus tard, répondant à l’appel de Soral en vue de constituer un cortège patriotique de soutien au peuple palestinien, les amis de Yahia Gouasmi se sont vus expulsés par le service d’ordre de la manifestation avec le renfort de nombreux antifascistes.
Emanation politique du centre Zahra (16), le Parti Anti Sioniste annonçait vouloir réunir sous son unique bannière tous « les antisionistes » de bonnes volontés.
Les ambitions hégémoniques de Yahia Gouasmi se sont vite heurtées à une levée de boucliers des nationalistes et des autres organisations préférant œuvrer à la construction de leurs mouvements respectifs plutôt que de se dissoudre dans le PAS. L’objectif affiché des 10 000 adhésions alors que le centre Zahra ne revendique qu’une centaine de membres est heureusement pour l’instant hors de portée.

Ces derniers temps, le Mouvement des Damnés de l’Impérialisme (MDI) choisit de faire cavalier seul et décline toutes les invitations d’autres organisations : refus de participer à l’appel de Soral pour constituer un cortège patriotique dans la manifestation pro-palestinienne ou refus de s’associer au rassemblement contre le diner du CRIF, rassemblement qualifié de « carnaval ».(17)
Une fois de plus le MDI revendique son autonomie politique en ne s’associant pas au casting de Dieudonné. Par l’intermédiaire d’une vidéo diffusée sur le site du MDI (18), Kemi Seba à décliné poliment mais fermement le bras tendu par « l’humoriste antisioniste ». Kemi Seba justifie ce refus par la condamnation d’une démarche électorale qui a pour cheval de bataille la lutte contre le communautarisme. Aucun militant du MDI ne participera aux listes, néanmoins Kemi Seba a annoncé y apporter son soutien moral. La route empruntée par Dieudonné n’est pas la sienne, son mouvement revendique la défense des communautarismes. Nous retrouvons ici une ligne de fracture entre les partisans de l’intégration républicaine combattant « la culture de la repentance »(19) et de l’autre les militants ethnodifferentialistes reconnaissant le droit à chaque ensemble géographique (panafricain, panarabe, paneuropéen…) de cultiver sa fierté et son identité.
L’entourage de Dieudonné à mal digéré ce revers. Sur le site les Ogres, animé par Ahmed Moualek réputé proche de la galaxie Dieudonné, une réponse, amère et pimentée, ne s’est pas fait attendre : « Pas dac pour l’anticommunautarisme, et n’aime pas certains néocolonialistes présumés comme (peut-on comprendre implicitement) les soraliens...Il soutient moralement Dieudonné et son projet mais ne veut pas "faire le grand écart" et risquer de "perdre (ses) bijoux de famille" » (20)

Une tête d’affiche et des relais en moins ce n’est jamais bon signe… Quand l’un décline, le mouvement risque de se généraliser. Autre défection de poids, Jean Marie Bigard, le comique qui ne cache pas sa langue dans son slip ne participera pas au futur sketch de Dieudonné… Et ce n’est pas le soutien (21) du rabbin orthodoxe Borreman, cofondateur de l'association d'étude rabbinique YECHOUROUN Judaïsme contre Sionisme (22) servant à camoufler les soupçons d’antisémitisme qui relèvera le niveau. Ce casting navrant se résumera en définitive à quelques starlettes de l’ « antisionisme » radical, contredisant les ambitions mirifiques du roi des parias.

En attendant le lever de rideau…
Le 24 avril, à l’occasion d’une énième conférence de presse le trio Dieudonné / Soral/ Gouasmi a annoncé être en capacité de présenter cinq listes et affichait l’espoir de pouvoir être présents dans toutes les régions. En attendant un hypothétique miracle sublimant ses capacités structurelles, la triplette pour ne pas faire un bide à mis sur pied un plan médias destiné à lancer et à faire vivre leur campagne.
Le premier acte se déroule le 11 avril au Bourget. Soral et Dieudonné espéraient réaliser un coup médiatique en déambulant dans les allées du congrès de l’UOIF. La présence des deux têtes d’affiche au congrès d’une organisation communautaire réputée proche des frères musulmans peut paraitre contradictoire avec leur volonté affichée de lutter contre le communautarisme. Pour justifier le choix de lancer officiellement leur campagne dans l’antre de l’UOIF, E&R déclare sur son site que "rassembler les communautés contre ce qui nous divise, c’est l’inverse du communautarisme"(23). Faut-il y voir une volonté politique de militer en faveur d’une république des communautés ou au contraire un moyen de s’affranchir d’une éventuelle étiquette pro chiite imposée par la présence de Yahia Gouasmi à leurs cotés?
Profitant de la présence de Tarik ramadan qui dédicaçait ses livres sur un stand, Dieudonné l’a abordé et s’est fait photographié à ses cotés. Le soir même sur son site Ramadan démentira tout soutien à la liste antisioniste mais n’hésitait pas à déclarer : «J’ai défendu, et je continuerai à défendre, le droit de Dieudonné à s’exprimer »(24) et « je m’oppose aujourd’hui encore – à toute forme de diabolisation qui empêcherait le débat et la confrontation d’idées. »(25) Pendant que nos vedettes tapent des bavettes avec certains congressistes, à l’extérieur des militants ne perdent pas le nord et distribuent des tracts présentant la liste « antisioniste ».
Cette volonté de dialogue avec l’UOIF s’est prolongée le 18 avril à Bordeaux. Alain Soral profitant des contacts glanés quelques jours plus tôt au Bourget est arrivé à mettre sur pied un débat improbable entre son organisation et le Recteur Oubrou de la mosquée de Bordeaux apparenté à l’UOIF. Ce faisant Soral entend se présenter en « médiateur de la république » qui organise le dialogue entre les communautés… La ficelle est grossière mais utiliser le capital symbolique du responsable d’une organisation religieuse qui est à la tête de onze des vingt-cinq conseils régionaux du culte musulman est une stratégie pour draguer l’électorat de confession musulmane. En jouant sur ce registre, nos acolytes espèrent élargir leur base électorale et répandre leur discours de haine sous couvert d’ouverture et de dialogue…
Handicapé par les annulations en cascades de ses spectacles/meetings par les responsables de salles qui ne souhaitent pas voir Dieudonné rééditer une nouvelle provocation antisémite dans leur espaces culturels, « l'humoriste » a décidé de se rabattre sur un bus pour maintenir ses représentations. Expérimenté à Reims, le nouveau concept à frôlé le ridicule et le comique de situation. Le public réuni à bord du fameux bus s'est vu chassé de la ville par nos camarades antifascistes. Dans la précipitation, le conducteur du bus est entré dans une voiture de police banalisé. Escorté par les forces de l'ordre, le public est finalement arrivé à bon port et a pu assister au one man show politique de Dieudonné sur une aire d'autoroute ! (sisi!).

Si les thématiques abordées par cette liste n'étaient pas aussi sensibles et détestables, on se taperait volontiers des bonnes barres de rires en suivant les déboires de ces listes « antisionistes »...

notes de bas de pages :
1 Le point 22/03/2009
2 Président de l'association la banlieue s'exprime et responsable du site les Ogres proche de la galaxie Dieudonné.
3 Membre fondateur des verts, Ginette Skandrani est exclue du parti pour sa proximité avec les milieux négationnistes en 2005. En 2007 elle était membre du bureau de campagne de Dieudonné pour la présidentielle.
4 communiqué de presse du 24-03-2009 d’Alain Soral
5 op.cit
6 op.cit
7 op.cit
8 op.cit
9 op.cit
10 op.cit
11 Europe 1 24.04.9
12 vidéo « le MDI avec le Hezbollah contre le sionisme»
13 video du 24.10.08 conférence de presse au théâtre de la main d’or suite à l’annulation de la Journée mondiale de Jérusalem en présence de Kemi Seba, Yahia Gouasmi et Dieudonné
14 op.cit
15 op.cit
16 site du PAS « Voici les réponses de M. GOUASMI envoyées à M. THIOLAY (par e-mail) »
17 communiqué du MDI du 02.03.09 « pas de carnaval anti-CRIF au Bois de Boulogne pour le MDI ».
18 vidéo « le non du MDI à la liste européenne de Dieudonné »
19 article « les médiateurs de la République » publié sur le site E&R
20 article « Kémi Séba dit Non à l’anticommunautarisme de la liste Dieudonné et à des soraliens vus comme colons blancs francophones » publié sur le site les Ogres
21 Appel de M. Shmiel Mordche Borreman pour soutenir les listes du Parti Anti Sioniste aux élections européennes de juin 2009
22 ce mouvement religieux considèrent que l'État juif de l'antiquité fut détruit par la volonté divine et que seul le Messie pourra le rétablir. Toute tentative humaine de recréer un État juif avant la venue du Messie est donc une attaque contre la volonté divine.
23 intro de la vidéo » Dieudonné et Alain Soral au rassemblement de l'UOIF » publié sur le site E&R
24 article « rencontre avec Dieudonné et Alain Soral » publié sur le site de Tarek Ramadan
25 op.cit

mercredi 15 avril 2009

Week-end antifasciste 8-9 mai 2009 : HOMMAGE A LA RESISTANCE

CONCERT Vendredi 8 mai 2009 à partir de 20h, Organisé par United underground, avec Crane d’obus, Time Bomb, K-Listo, Zartako, Hors Contrôle

MEETING Samedi 9 mai 2009 de 14 à 18h, en présence de Jacques Damiani (combattant FTP) et Antonio Martin (résistant antifranquiste)

A la CIP-IDF, 14-16 quai de Charente, 75019 Paris (Métro Corentin Cariou)

MANIFESTATION Samedi 9 mai 2009 à partir de 20h entre Denfert Rochereau et Montparnasse

Organisé par : Scalp-Reflex, CNT, RLF-MLV, Fédération Anarchiste, NPA, Alternative Libertaire, MQJS, SUD Etudiant

MEETING EN HOMMAGE A LA RESISTANCE

Samedi 9 mai 2009 de 14 à 18h A la CIP-IDF, 14-16 quai de Charente, 75019 Paris (Métro Corentin Cariou)


Chaque 9 mai au lendemain de la commémoration de la défaite de l’Allemagne nazie, l’extrême droite radicale appelle ses légions de la haine à parader dans les rues de Paris. C’est le jour que nous choisissons pour rendre hommage aux résistants internationalistes, révolutionnaires et antifascistes qui ont parfois donné leur vie pour barrer la route à l’extrême droite. En France sous l’occupation ou dans l’Espagne franquiste, les résistants antifascistes qui participent à cette conférence viendront témoigner de leurs expériences afin de faire vivre et partager leur engagement.

Jacques Damiani (FTP) racontera le combat de la Résistance, expliquera comment des hommes et des femmes ont été contraints par l’Histoire à s’engager, à donner leurs vies pour un idéal. Nous pourrons également comprendre comment fonctionnait la Résistance de l’intérieur et quel mode de vie nécessitait cet engagement

Antonio Martin nous fera partager le quotidien et les pratiques d’antifranquistes dans les années 70 en Espagne.

Loic Damiani (historien) replacera le débat dans ses contextes historiques en apportant des précisions sur les propos tenus.

Enfin, nous ne pouvons aborder la mémoire antifasciste sans faire le lien avec aujourd’hui et réaffirmer la continuité du combat antifasciste, aujourd’hui comme hier, la résistance est toujours d’actualité et l’engagement est une nécessité !

Organisé par : Scalp-Reflex, CNT, RLF-MLV, Fédération Anarchiste, NPA, Alternative Libertaire, MQJS, SUD Etudiant

mardi 30 décembre 2008

Hainegland : l'extreme droite de la perfide albion


L’extrême droite britannique est présente dans le paysage politique anglo-saxon depuis plusieurs décennies. Même s'ils n’ont pas connu la même déferlante que leurs homologues français, les mouvements fascistes britanniques ont ressurgi brutalement au début des années 70. Après certains succès électoraux, le principal mouvement d’extrême droite se décompose laissant la place à des groupuscules ultra violents ayant recours entre autres au terrorisme. Depuis peu, l’extrême droite anglaise tente de lisser son image et réussit une percée aux élections locales de 2006. Petit aperçu de l’histoire de l’extrême droite anglaise de 1970 à aujourd’hui.

Le National Front, symbole du retour de l’extrême droite sur la scène politique britannique est officiellement crée en 1967. Alliance de différents groupuscules fascisants, l’objectif de cette union est de fédérer l’ensemble des organisations et tendances d’extrême droite du Royaume-Uni au sein d’un parti unifié. Le National Front se positionne principalement contre l’immigration et l’asile politique en brandissant la menace de l’invasion.

Au milieu des années 70, le National Front passe à l’offensive. Profitant de la récession économique et de la politique d’austérité des travaillistes, les nationalistes revendiquent l’adoption de la préférence nationale en matière d’emploi. Présent sur les terres d’élections des travaillistes, le National Front se constitue une base parmi les jeunes des classes populaires. Il réussit à s’implanter dans certains lycées et essaye avec un certain succès de recruter dans les syndicats de postiers ou de cheminots.

Fort de sa nouvelle capacité de mobilisation, le National Front décide d’organiser des parades dans les grandes villes et de traverser les quartiers populaires pour terroriser les immigrés.

Sur le plan électoral, le NF réussit certaines percées électorales au niveau local. Lors d’une élection partielle à Deptford, au sud de Londres, les fascistes obtiennent 44 % des voix. En 1977, le National Front devient la 4e formation politique du pays.

En réaction, la riposte antifasciste s’organise. Les contre-manifestations, la présence de terrain partout où intervient le NF et la diffusion d’investigations sur la nature du mouvement porte ses fruits puisqu’en 1979, le National Front recule sur le plan électoral et ne tarde pas à se décomposer en éclatant en plusieurs groupes concurrents.

La frange la plus radicale composée principalement de skinheads se structure autour de la scène musicale RAC (Rock Against Communism). Le groupe Skrewdriver est le moteur de ce mouvement. Après un split de courte durée, Ian Stuart reconstitue le groupe en 1979, sous une forme ouvertement néonazie. Durant quelques années, skinheads néonazis et National Front agiront de concert. Avec l’aide financière du NF, est crée, en 1984, le White Noise Club. Le WNC est un réseau de groupes de rock, d’organisateurs de concerts et de militants politiques. Très rapidement des velléités d’indépendance s’expriment au sein du WNC et certains membres actifs de la scène musicale emmenés par Ian Stuart décident de fédérer les nazis-skins en dehors de la tutelle du National Front en créant l’organisation Blood and Honour (Sang et Honneur). B&H ne cache pas son admiration pour Adolf Hitler et développe un discours suprémaciste avec pour thématique centrale la guerre ethnique et le complot juif mondial. Pour le leader du groupe Skrewdriver : « La musique est le moyen idéal d’amener la jeunesse au national-socialisme. »

En 1991, une cellule terroriste gravitant autour de B&H dénommée Combat 18 pour « Combat Adolphe Hitler» émerge. Crée par Harold Covington, un néo-nazi installé aux Etats-Unis, C18 se spécialise dans les attaques contre les librairies et les militants antifascistes. L’organisation néonazie attise les haines entre communautés en agressant les populations immigrées. Ces mini pogroms seront à l’origine d’émeutes urbaines à Oldham ou Burnley.

En quelques années B&H s’exporte à l’étranger. Des cellules B&H apparaissent aux quatre coins de l’Europe et aux États-Unis. En 1993, Ian Stuart décède dans un accident de la route. B&H subit alors une guerre de succession intense. Au final, Combat 18 réussit à contrôler le mouvement et à le transformer en cache sexe de l’organisation terroriste destinée à lever des fonds. En 1997, C18 passe à l’acte en organisant une campagne de lettres piégées. Il récidive un an plus tard. Cependant, le groupe ne survivra pas aux investigations policières. Ses effectifs estimés à 500 en 1995 tournerait désormais autour de la cinquantaine d’unités.

En 1999, David Copeland, après un passage éclair dans les rang du BNP, rejoint le National Socialist Movement, scission de C18 et organise seul une série d'attentats à Londres qui coûtera la mort à trois individus.

En parallèle de cette extrême droite radicale et minoritaire, le British National Party, créé en 1982 après la scission du National Front occupe seul le créneau de l’extrême droite électorale depuis la marginalisation de ce dernier. Le parti est dirigé par Nick Griffin, qui souhaite défendre «les Blancs d'Angleterre à coups de bottes et à coups de poing». Depuis le milieu des années 90, le BNP est en phase ascendante. En moins de 10 ans ses effectifs sont passés de 1200 à près de 8000 membres. Sur le plan stratégique le BNP rompt avec l’approche extrémiste et privilégie la recherche de respectabilité. Son discours est construit autour de trois idées motrices : la lutte contre l’immigration, la préférence nationale en matière d’emploi et l’agitation de la menace islamiste. En termes électoraux, le BNP a longtemps affiché des scores anecdotiques. Ce n’est qu’en 2002 que le parti obtient des conseillers lors d’élections locales à Burnley, ville ayant connu des émeutes provoquées par l’extrême droite. En 2006, avec 48 conseillers élus pour une moyenne de 19% là où il se présentait, le BNP réussit une véritable percée électorale digne des scores réalisés par l’extrême droite continentale.